Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/248

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de l’air, l’escu où le chevalier estoit estaché et pendant (car toucher à sa personne pas ne luy estoit permis) luy faisant traverser le hault air et les vens contreluctans si roidement que à pene povoit il respirer, pour autant que le soubdain mouvement luy ostoit la faculté de povoir reprendre aleine, tant que, en l’espace de deux ou trois heures, le transporta à plus de six cens lieües du lieu où il l’avoit prins ; et un peu devant jour s’abaissa à la hauteur d’une lance près de terre, au dessus d’une belle prairie herbue et molle, où le Chevallier noir de grande force esbranla l’escu pour le faire lascher à Alector ; mais il l’avoit si bien bouclé et le tenoir si ferme embrassé comme s’il eust esté né et uni avec le corps et les bras. Et toutesfois pour tout esbranlement Alector ne s’en espouventoit en rien, ains demouroit asseuré comme sur terre ferme, par la vertu de l’escu qu’il ne vouloit lascher, disant ainsi :



Plustost mourir que de l’abandonner
Mais avec luy, ou sur luy retourner.


Si tost n’eut il dict la parolle, qu’il sentit l’escu lasché par le noir chevalier et luy tombé sur l’herbe tout estourdi, tant du port aërin