Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/251

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se icy ceste nuyct apporté de plus de six cens lieües, jamais tu ne l’eusse veu. Compte luy les choses que tu as veues, et luy monstrant cest escu, di luy que Gallehault Macrobe, à qui il fut, luy mande que bien tost il le verra vengé du coup mortel qu’il a receu de luy. Adieu te commande. »

Ainsi, comme Alector le vouloit remercier et luy demander interpretation de son dire, il le veit soubdainement changer en une longue et claire flambe, comme une comette coeë, volant par l’air plus legierement que nul traict d’arbalestre et tirant tousjours en hault vers la region d’ond il avoit esté apporté ; et le suyvit tousjours à l’oeil, tant qu’il le perdit de veüe. Dond voyant qu’il n’y sauroit autre chose que faire, se coucha avec son escu sur l’herbe et en rememorant en soy mesme les propos que luy avoit tenuz Gallehault, le grand chevalier noir à la teste fendue, il s’endormit à la fraischeur du matin, un peu devant l’aube du jour, comme à celle heure tous les animaux communement prennent sommeil, pour la moiteur de la nuyct tombante.