Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/253

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tousjours le palomb qui me sembla estre devenu cigoigne, tronçonnant au bec un serpent se rebecquant et retortillant. Et sur ce vint un aigle qui print le palomb, laissant le serpent tombant en terre, tout mort, et le voultour se perdant en l’air, et l’aigle emportant le palomb semblant à une cigoige, si loing que je ne le vi depuys. Mais le corbeau qui estoit sur mon chef me battoit les yeux des ailles et ne se vouloit departir, sinon à force de le chasser à coups de bras et mains, tant qu’il fut contrainct de s’enlever en cryant et crocitant par maniere de menace mortelle. Cest augure (qui, à la verité, est pour moy fort sinistre et de mauvais presage) me troubla tant et me representa telles et tant malheureuses significations que toute la nuyct me fut sans repos. Parquoy, ennuyé d’inquietude, je me levay avant le jour, et ayant deliberé de partir bien tost, je m’en alloie vers la mer veoir comment mon Hippopotame se portoit, d’ond advint que, en passant la prairie, qu’il estoie encore un peu de tenebres de nuyct, j’apperceu de loing une certaine lumiere longuette et estendue pres de terre, donnant lustre tel que l’on pouvoit veoir