Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/254

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qu’il y avoit une personne couchée auprès ; et bien me sembloit avoir veu autresfois ceste lumiere nocturne. Parquoy m’approchant plus près, et desjà l’Aurore chassant les tenebres, je vi un tresbeau jeune filz dormant fort doucement, au premier regard duquel mes entrailles s’esmeurent dedans moy, et m’apperceu qu’il estoit couché sur le verd escu de cuyvre, au coq d’or, lequel incontinent je recognu estre celluy que j’avoie autresfois pendu au trophée, bien esmerveillé comme il luy povoit estre advenu. Car après l’avoir faict poser sur l’arbre et le voyant tant beau, moy mesme prins desir de l’emporter et me mis en effort de l’arracher ; mais ce fut en vain, car j’eusse plutost arraché et desraciné l’arbre, et une corneille grise juchée dessus me cria :



A l’escu plus effort ne fais,
Il est pour l’enfant né deux fois.


Ce que entendant je me deportay, estimant qu’il n’adviendroit jamais à personne. Car comme on ne meurt que une fois, ainsi on ne prent naissance qu’une fois ; et sur ce point je me vais remembrer de la double naissance d’Alector, que m’avoit rapporté le messagier ; d’ond je