Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/260

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lunes se jectoit aux havres, ports et plagues, devorant et destruysant tout ce qu’il rencontroit et engloutissant hommes, femmes et enfans tous vifz, voire chevaux, vaches et autre bestial. Ce monstre Trolual, voyant nostre grand Hippopotame allant sur la mer et nous dessus montez, en poussant et rompant devant soy les ondes, se lança de terrible impetuosité contre nous et nostre grand cheval, où il pensoit avoir trouvé proie abondante ; mais il trouva à mauchat maurat, ou à maurat mauchat. Car nostre Hippopotame (duquel n’est animal plus nuysant ne plus malfaisant au monde, quand il est par violence agité), ainsi que le Trolual ouvroit sa gueulle large comme un arc de portique pour l’engloutir et nous avec, il l’accrocha de ses deux grans dens de devant par le muffle, en l’elevant hors de l’eau, aussi hault que nous estions, d’ond tout soubdain je luy mis ma lance en la gueulle, la poincte picquée fermement dans le palat et le gros bout implanté en la maschouere dessoubz, tellement que le monstre se trouva accroché aux dens de l’Hippopotame et baillonné de la lance, sans povoir serrer la gueulle pour la douleur du fer penetrant ès parties sen-