Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/261

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sibles ; ce que voyant, un de mes hommes, nommé Cetophon, de merveilleuse hardiesse et promptitude, l’espée nue en main, se jecta en l’abysme de la gorge du monstre si avant qu’il le recercha jusques aux entrailles et au coeur, navré et blessé par tant de coups d’espée qu’il sentit l’animal affoiblir. Parquoy soubdain se retira de ce corps monstrueux et se rendit à nous. Le cheval Durat ce pendant, ruant des piedz et trainant aux dens le monstre jusques au rivage, qui par l’angoisse de mort, de sa queüe battante avoit (comme une tourmente) esmeu toute la mer bouillante et taincte de l’abondance du sang qu’il desgorgeoit, tellement que à trois stades à l’entour sembloit estre la mer rouge entre l’Arabie et la Aithiopie. Quand nous fusmes arrivez à bort, Durat lascha le monstre Trolual sur la greve, que jà pour sa pesanteur il ne povoit plus trainer, pource qu’il estoit defalli de vie et mort du tout, à la grande joye et asseurance de tous les peuples circonvoisins de la marine. Et velà de quoy et pourquoy le Roy de Tangut et tous ses peuples nous rendoient tant de graces, avec tresriches et honnorables presens. Ce soir mesme, Alec-