Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/263

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cheval Hippopotame, prenans la haute mer septentrionale, où Durat estendit ses nombreux piedz flottans et eleva ses ailes, nous portant si legierement que mieux sembloit voler que aller ; d’ond Alector (qui jamais n’avoit chevauché les poissons) estoit tant esmerveillé et tant aise que plus ne povoit. Parquoy par grand desir de descouvrir de plus hault l’immense spaciosité de la mer, comme jeune, ardent et mouvant qu’il estoit, il monta (je te vay compter mes mortelles douleurs), il monta (helas !), il monta au faist de l’une des ailes du cheval Durat, armé tousjours de son espée et de son escu, que jamais il ne vouloit abandonner. Et ainsi qu’il estoit perché au plus hault, regardant d’un costé les montaignes de la region de Balor et les mons Annibes, qui sembloient s’enfuir de nous, et d’autrepart la grande mer sans fondz et sans rive, et je craignant qu’il ne tombast l’appelloie à descente, voicy (helas !), voicy s’elever des Hyperborées un fort vent, ou plustost un fort marin et malin esprit turbineux, qui, par dessoubs l’escu s’entonnant, eleva en l’air mon cher filz Alector, qui de la region aerine cryoyt tant haut qu’il povoit : Secourez moy,