Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/264

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Franc-Gal, mon Seigneur ! Secourez moy, mon trescher pere ! Autrement vous me perdrez et je vous perdray ; car Gallehault me ravit. Disant ces motz, en ma presence et veuë il fut soubdainement transporté vers le costé de la terre, par dessus les hautes montaignes et les villes et regions, tellement que j’en perdi à un instant la veüe, et comme s’il eust emporté mon coeur et mon ame avec soy, je demouray d’extreme douleur roide et transi, prest à me precipiter de dessus mon cheval dans la mer, si mes gens ne m’en eussent gardé, qui à leur possible consolarent, me remonstrant que puys qu’il estoit porté sur la terre, il y avoit moins de dangier et plus d’espoir de recousse et de recouvre, en le recerchant de la part où il avoit esté ravi. A leurs parolles ayant reprins mes espritz et revenu à moy, je m’escriay ainsi : Ô que de bien vraye et trop vraye signifiance estoit la vision phantastique qui m’advint lors que premierement abordé en Scythie, au retour des Indes par delà Ganges, ès regions d’or, duquel j’enseignay aux peuples ignorans la valeur et l’usage, je m’endormi sur les peaux de lyon, au lieu où ma dame Priscaraxe me