Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/29

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au grand degast de ses ennemis, neantmoins la multitude l’oppressa tant et tant le chargea que son espée luy tomba de la main, laquelle un de ses freres Gratians print avec l’escu. Ainsi fut prins Alector et mené par force de gens au Potentat gouverneur de la ville et chef de la justice, appelé Dioclès, lequel voyant ce beau jeune filz, de face tant liberalle, estre accusé par tant de voix intentées contre luy, les uns l’accusans de rapt, autres de trahison, autres de stupre, autres de plusieurs meurtres, à toutes lesquelles criminations le jeune escuyer rien ne respondoit et ne demandoit que la mort, pour accompaigner sa treschere et tresregrettée Noemie, ne voulut faire jugement precipité, mais faisant office de Potentat (comme tressage homme qu’il estoit), cognoissant tous ces gens estre passionnez, les uns de fureur et appetit de vengence, et l’autre de desespoir, douleur, regret, ennuy et contemnement de vie, advisa de laisser refroidir les uns et les autres jusques au lendemain, que de froid sang ilz fussent retournez à raison et à leur bon sens. Parquoy adressant sa parolle au peuple tumultuant, et mesmement aux deux freres com-