Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/28

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mie et de rencontrer le sagittaire meurtrier, sortit de son fort, se ruant comme un Lyon blecé au travers de la multitude, enfondrant la presse et abbatant tout devant soy, et à son fort escu repoussant tout ce qu’il rencontroit en cryant furieusement :

« Traistre Sagittaire, meurtrier de pucelles, où es tu ? Que ne te presentes tu à moy (lasche couard et traistre) affin de me faire acompaigner la plus indigne de mort qui fust en vie, ou que je me saoule de vengence au plus clair de ton sang, cruel Tygre, insidiateur Aspic! Couard et malin Crocodile, qui sans offense as donné la mort à la vive vertu et puys t’en voles comme la guespe laissant sa veneneuse poincture, ose te representer à moy! »

Ainsi alloit cryant Alector, si furieusement menaçant, frappant et abbatant que homme, tant fust hardi, ne s’osoit rencontrer devant luy s’il ne vouloit mourir. Mais ce pendant que par desesperée rage il s’exposoit ainsi à l’abandon, se ruant à ce que estoit devant luy et ne regardant point qui le suyvoit, soubdain se trouva saisi de six puissans hommes, qui par vive force luy ostarent son escu et par consequent une partie de sa hardiesse ; et non obstant qu’il feist merveilleuse resistance