Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/335

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esprit informé en ce grand corps monstrueux pour donner advertissement ou terreur de l’avenir, à quoy pour celle heure Alector ne print pas fort grand advis, pour l’admiration qu’il avoit de tel monstre et grand joye de l’avoir defaict. Et ainsi que toute la multitude estoit à l’entour de luy et du serpent, en contemplation, estonnée de l’enormité de l’un et vertu de l’autre, voicy la sagette, une heure par avant par luy dardée au Ciel, qui avec un aigre son strident retomba du Ciel, toute enflammée, trenchant les hautes regions de l’air avec un son strident et une impetuosité foudroyante, et au mylieu de la multitude consternée de paeur, vint tomber en fer ardent et pennage enflammé sur la teste d’un jeune homme nommé Coracton, natif d’Orbe, de meilleure maison que de bon nom, lequel estant frappé de la sagette et atteinct de ce feu celeste inextinguible, tomba à terre, où se distordant et voultrant en l’Arene pour les intollerables ardeurs d’ond il se sentoit brusler tout vif, s’escria horriblement :

« Mercy ! Mercy, Noemie ! Mercy, Franc Alector ! Je suys le malheureux Coracton qui par maligne envie et erragée jalousie ay traistreusement occise la