Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/336

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belle Noemie de la propre sagette qui maintenant me perse et brusle le cerveau et les entrailles. Mercy (ô ame de Noemie), contente toy de plus legiere vengence ! Que me saurois tu plus faire, si le mourir est peu ? Ô Alector, pour l’amour de Noemie (qui tant te a esté chere), je te requier ce dernier don : que de ton espée vengeresse des mauvais tu m’abreges la vie et me ostes du tourment où je brusle.

— Ha vrayement (dis Alector, qui eust esté dolent que par une autre main que la sienne la mort de sa Noemie fust vengée), ceste gracieuseté ne te sera pas refusée, mais ce ne sera pas de ma bonne espée, car elle est indigne d’estre maculée d’un si meschant sang. »

Adonc va saisir la halbarde de l’un des quatre cens hommes gardes du camp, et en bailla tel coup sur la teste de Coracton qu’il en feit deux pieces, la cervelle espandue toute bruslée et fumante dessus l’Arene ; mais nonobstant cela, le feu celeste de la flesche qui s’estoit enprins au corps de Coracton ne laissa point de tousjours suyvre et brusler, tant que la teste, le corps, les entrailles, chair, os et nerfz fussent du tout consommez et redigez en cendre puante, avec la sagette meurtriere.

Telle fut la vengence divine tombée