Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’habitation du Centaure, où nous entrasmes, non sans grande craincte, toutes espouventées du merveilleux combat, et de la hardiesse et proesse du vaillant Escuyer, qui nous reconfortoit et asseuroit treshumainement. Et là dedans trouvasmes force venaison et divers fruyctz des bois, d’ond pour ce soir nous usasmes, selon la presente necessité. Et durant le manger, ma Dame Noemie (au coeur de laquelle amour avoit desjà prins place, au regard et admiration de la beauté, hardiesse, proesse et gracieuseté de ce jeune Escuyer qu’elle contemploit en grande admiration, à la clarté d’un merveilleux fourreau d’espée qu’il portoit, si lumineux de nuyct et en lieu obscur qu’il donnoit autant de clarté que un resplendissant flambeau). Si luy demanda quelle bonne adventure l’avoit là apporté si à poinct pour sa delivrance.

« Ma belle Damoyselle (dist Alector, qui, de sa part, n’estoit pas moins attainct de la grace et beauté de Noemie qu’elle de luy), je ne say pas bien par quel chemin je suys icy venu, plus à mon bonheur que au vostre. Mais je say bien que par un vent hyperboreen ou par quelque esperit j’ay esté depuys un mois ravi sur la mer se-