Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/55

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ton pere qui te cerche. Bien tost je le reverray. Et sur ce, entra au jardin une treshonneste Dame, belle, jeune et de grand grace, mais meantmoins triste et lamentant une sienne cousine Noemie, n’agueres departie du Chasteau du Chef-Verd (car ainsi est nommé le lieu d’ond je vien), pour les parolles que luy avoit dictes la vieille sorciere. Ceste jeune Dame pensant estre seulle, et à l’impourveu me trouvant en son jardin qui de tous costez estoit clos de hautes murailles hors d’eschelle, fut un peu esbahie, puys, se rasseurant en son for, me demanda qui m’avoit là donné entrée, et qui j ‘estoie, et que je demandoie. Et je luy respondi :

« Je ne say. Alector. Un Cheval. »

Ouÿ ce nom d’Alector, de ce pas, sans plus m’interroguer, elle me mena en l’Equurie, me donna à choisir tel Cheval qui plus me plairoit, aux conditions devant dictes, lesquelles tresagreablement acceptées, je choisi ce beau grison pommellé que vous voyez (or avoit il mis pour la tempeste son cheval au couvert avec de l’herbe, lequel Noemie et moy incontinent recogneusmes pour estre le cheval du Seigneur Spathas. Et entendismes que celle qui l’avoit envoié après nous estoit ma Dame Callirhoé