Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/77

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ver mon filz Alector, jeune et beau, bien apprins et vaillant Escuyer, que le vent m’a ravi et transporté sur la mer Septentrionalle, et plus ne le veoir (helas !), ainsi que le m’a predict en son chant l’oyseau Augural. Sans luy toutesfois je ne puys et ne vueil plus vivre (en ce disant, Franc-Gal jectoit de grandz souspirs du profond du coeur), car avec soy, il a emporté mon ame et ma vie, comme bien je l’avoie preveu au songe faict en Scythie, sur les peaux des lyons. ‘ bel enfant ! ô enfant merveilleux ! engendré fatalement, né deux fois, nourri surnaturellement, parcreu avant le temps, sage avant l’eage, fort plus que le naturel, hardi outre l’humanité, fortuné adventureusement, crainct des mauvais, aimé de tous, voire mesmes des espritz, qui par jalousie (comme je croy) t’ont ravi et emporté je ne say où ! Failloit il que si peu et brief temps j ‘eusse la presence et jouyssance de ton aimable personne, pour en souffrir l’absence et doleance tant belle et si long temps telle qu’il y a que, après mes longues et ennuyeuses peregrinations, je vai de rechief traversant le monde pour te cercher et te trouver, en craincte et doubte que jamais… (et à ce mot, les san-