Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/80

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venant de son penser jecta un grand souspir, disant : Trouveray je donc Alector, emporté par les vens qui n’ont point de suyte ? Oy, mais jamais plus ne le verray, d’ond me faudra mourir et finer ma peregrination, rendant le feu, la lumiere et la vigueur de ma vie à celluy de qui je l’ay receüe, par une termination de vie que l’on appelle mort, de toutes les terribles et espouventables choses la plus terrible et la plus espouventable, qui m’est prochainement imminente, à ce que je sens en moy et precognoys. Car à tout homme est divinement donné de reveoir et presenter ce que luy est futur, mesmement quand il est approchant de sa fin de vie, que l’esperit est plus à soy et moins enveloppé ès choses terriennes ; d’ond il voit et entend plus clairement et plus purement. Et ainsi l’a voulu la divine providence, affin que l’homme ne fust surprins au despourveu et ne mourust brutallement. Es tu doncques Dieu (dist l’Archier), pour savoir les choses futures ? Dieu ne suys je point (dist il), mais homme à qui Dieu a donné long eage, experience, science des astres, interpretation des augures et cognoissance de ma prochaine fin ; comme les divines fatalitez l’ont ordonné, mon esprit le me