Page:Aneau - Alector, 1560.djvu/86

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Et ainsi demoura le Franc-Gal en pur corselet, grand et droict, en stature de corps de tresbelle prestance, et en tout excedente la commune forme des hommes, et elevant une teste jà à demi chauve, tant par l’eage que par longue usance de porter le heaume, et chanue de pelage blanc, la barbe argentine, longue et crispante comme les ondes d’un torrent, le visage beau et ouvert, plein d’une redoutable serenité de face, en gracieuse dignité, à tous regardans admirable, mesmement au vieil Archier, qui le voyant à descouvert estima en son coeur n’avoir jamais veu si bel homme entre les mortelz, sinon que la serenité de sa face estoit aucunement troublée par une nuée d’interieure tristesse, degouttant grosses larmes sur sa blanche barbe. Ce que appercevant l’Archier ainsi luy dist : Noble Seigneur (car tel estre ton apparence le demonstre), laisse, je te suppli, le plourer aux femmes et enfans, et aux molz hommes effeminez, et constamment nous racompte tes adventures. Car à l’homme de tel personnage que je te voy, mieux seantes sont les armes que les larmes. Tu dis vray (respondit le Franc-Gal) et parles en homme sage et de hault af-