avait cessé de compter parmi les vivants.
Antoine Héliogabale, neveu de Sévère, avait
coutume de recevoir le baiser dans toutes
les cavités du corps, au dire d’un écrivain
de l’antiquité, et ses contemporains le tinrent
pour un monstre. Les philosophes même, à
l’austère gravité, sacrifièrent à cette Vénus
et se mêlèrent au chœur des pédérastes.
Alcibiade et Phédon couchaient avec Socrate
chaque fois qu’ils voulaient procurer quelque
jouissance à leur maître. Et les amours
de cet homme si vénéré ont donné naissance
au dicton appliqué au baiser : aimer
à la façon de Socrate. Tous les faits et gestes,
toutes les paroles de Socrate revêtent en
quelque sorte un caractère sacré pour les
philosophes de toutes les sectes qui lui ont
consacré des temples, élevé des autels. Ses
actes avaient force de lois, ses paroles
tenaient lieu d’oracles. Les philosophes se
gardèrent bien de s’écarter de l’exemple de
leur héros, véritable dieu national, car
Socrate prit rang parmi les héros. Lycurgue,
qui légiféra à Sparte quelques siècles avant
Socrate, affirmait qu’un citoyen ne pouvait
être vraiment honnête et utile à la République
s’il n’avait pas un ami avec qui il
couchât. Il ordonnait que les jeunes filles
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