Page:Anecdotes pour servir à l’histoire secrète des Ebugors, 1912.djvu/16

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— VIII —


avait cessé de compter parmi les vivants. Antoine Héliogabale, neveu de Sévère, avait coutume de recevoir le baiser dans toutes les cavités du corps, au dire d’un écrivain de l’antiquité, et ses contemporains le tinrent pour un monstre. Les philosophes même, à l’austère gravité, sacrifièrent à cette Vénus et se mêlèrent au chœur des pédérastes. Alcibiade et Phédon couchaient avec Socrate chaque fois qu’ils voulaient procurer quelque jouissance à leur maître. Et les amours de cet homme si vénéré ont donné naissance au dicton appliqué au baiser : aimer à la façon de Socrate. Tous les faits et gestes, toutes les paroles de Socrate revêtent en quelque sorte un caractère sacré pour les philosophes de toutes les sectes qui lui ont consacré des temples, élevé des autels. Ses actes avaient force de lois, ses paroles tenaient lieu d’oracles. Les philosophes se gardèrent bien de s’écarter de l’exemple de leur héros, véritable dieu national, car Socrate prit rang parmi les héros. Lycurgue, qui légiféra à Sparte quelques siècles avant Socrate, affirmait qu’un citoyen ne pouvait être vraiment honnête et utile à la République s’il n’avait pas un ami avec qui il couchât. Il ordonnait que les jeunes filles