Page:Anecdotes pour servir à l’histoire secrète des Ebugors, 1912.djvu/20

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Dans les temps modernes, Forberg constate que le baiser mâle fut goûté à peu près par toutes les nations : il excepte cependant les Anglais, « qui considèrent cette passion comme chose abominable et criminelle ». Mais il met hors de pair, à ce titre, les Espagnols et surtout les Italiens, pour des raisons physiologiques que la Satyre de Chorier développe avec quelque crudité dans le même dialogue. Il est certain que nul poète n’a osé chanter les voluptés du baiser mâle, comme le fit le patricien de Venise Giorgio Baffo. Pierre Arétin lui-même y mit plus de réserve, bien qu’il ait déclaré : « Car il n’est pas homme celui qui n’est pas bougre. » Sonnet II[1].

C’est d’ailleurs à l’influence des Italiens que la France dut, au seizième siècle, la recrudescence de la passion sodomique. « Aujourd’hui, dit Henri Estienne, la sodomie devient de plus en plus commune, parce qu’on fréquente les pays qui en font métier et marchandise. Au reste, si on regarde quels sont les Français qui s’adonnent à tels vices, on trouvera que quasi tous ont été en

  1. Voir l’Œuvre de Giorgio Baffo ; — l’Œuvre du divin Arétin, 2 volumes (Bibliothèque des Curieux, 1909 et 1910).