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II


Cœurs épris des amants, bien longtemps vous bravez,
Ainsi que deux oiseaux, l’aventure et l’orage,
Contre les âpres vents, sur les flots soulevés,
Voguant d’un même élan, laissant un seul sillage ;

Vous puisez votre force aux jours que vous rêvez,
Un même espoir vous donne un semblable courage,
Et, sentant se toucher vos ailes, vous suivez
Vers un bonheur lointain votre constant voyage.

Mais lorsque vous croyez aborder à la rive
Où les lis nuptiaux vous offriront des nids,
Inclinant leur blancheur sur vos blancs corps unis.

Vous vous quittez soudain, un seul instant vous prive
Du bonheur obtenu par vos efforts finis,
O cygnes séparés, flottant à la dérive.