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II


Où s’en vont tous ceux-ci qui marchent en pleurant ?
Ceux-ci, qui vont serrant les poings, poussant des râles ?
Ceux-ci, joignant les mains en un geste implorant ?
Et ceux-ci, un couteau dans le flanc, froids et pâles ?

Ceux-ci, qui radieux sourient en soupirant ?
Ceux-ci, qui vont dansant et frappant des cymbales ?
Et ceux-ci, qui s’en vont chantant et respirant
Des fleurs dont derrière eux ils sèment les pétales ?

Leur cortège inconstant se transforme sans cesse ;
Ceux qui semblaient navrés sont saisis d’allégresse,
Et ceux qui semblaient gais sont navrés à leur tour.

Où s’en vont-ils ? — Porter le grand tribut de larmes,
De transports, de tourments, d’extases et d’alarmes,
Vers le trône éternel où réside l’Amour.