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III


 
« Prenez ces deux enfants qui dorment d’un sommeil
Où persistent encor les poses de l’amour,
Et, sans les séparer, portez-les dans la tour,
Sous un dais de velours incarnat et vermeil.

Puis vous rassemblerez, dès le premier soleil,
Leurs parents ennemis, et si, pour le plein jour,
Ils n’ont pas abjuré leurs querelles autour
Du lit où ces beaux corps attendent le réveil,

Vous tuerez ces amants du même coup d’épée.
Qu’une commune mort enlacés les enlève
Plutôt qu’un âpre sort n’interrompe leur rêve !

Dans le même linceul avec leurs corps drapée
Vous ensevelirez la lame de ce glaive.
Qui d’aucun autre sang ne doit être trempée. »