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I


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Comme un soldat blessé tu peux panser la plaie,
La chair est déchirée, et le sang coule encor,
Et, pendant de longs mois, il rougira la claie
Où ton corps douloureux et délaissé s’endort.

Bande-la de blanc linge, et lave-la d’eau fraîche ;
Sur ses bords toujours prêts à s’ouvrir, si le sang
Pendant un court instant coagulé se sèche,
Un battement du cœur te rouvrira le flanc.

Pourtant, il faut qu’un jour ta blessure guérisse,
Que tu vives, que tu marches, pâle mais droit,
Non pour ne plus souffrir, mais pour porter sur toi

Le brave et haut orgueil de cette cicatrice,
Qu’en un jour douloureux, dont la douleur s’accroît,
T’ont faite les divins glaives du sacrifice.