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II
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Les vieux soldats romains, lorsque dans la cité
Ils passaient en montrant leur poitrine meurtrie,
Ne la découvraient point pour leur propre fierté,
Mais ainsi qu’un trophée offert à la patrie.
Ces marques n’étaient point pour conter leurs exploits
Ils n’en avaient l’orgueil que comme d’une offrande
Dont ils avaient dépôt durant leurs jours étroits,
À la gloire de Rome, auguste, sainte, et grande.
Ainsi faut-il que toi tu portes ta blessure,
Non pour ton propre honneur, mais bien comme un hommage
À l’amour tout-puissant pour qui tu fus frappé,
Pour qui ton cœur saignant de pourpre fut drapé,
Et qui daigne laisser paraître un témoignage
De son culte immortel sur ta poitrine obscure.