Page:Angellier - À l’amie perdue, 1920.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

III


 
Dans la salle où je vis, dont la large fenêtre
Laisse voir les flots gris et roulants de la mer,
Et la plage déserte où pleure un vent d’hiver,
À l’heure où, dans la nuit qui vient, tout s’enchevêtre,

Je suspends mon travail et fixe longuement,
Dans ses ors embrunis, le portrait où persiste
L’anxieuse lueur d’un regard tendre et triste.
Il me suit, mais bientôt, dans l’envahissement

Cruel, inexorable et froid du crépuscule.
Semblant presque mouillé de larmes, il recule ;
Et c’est comme un adieu déchirant chaque soir.

Alors pensif, le coude au bord de mon pupitre,
Et le front dans la main, je contemple, sans voir,
Les constellations qui tremblent sur la vitre.