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XII


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Je vieillirai pareil aux chênes du pays,
Qui croissent isolés, chacun sur sa colline ;
Non loin d’eux un blé rare, un pied chétif de buis,
Dans le sol caillouteux et durci s’enracine.

Leurs troncs battus des vents, sous un ciel souvent gris,
Las et toujours courbés dans l’azur ou la bruine,
Ont l’air de voyageurs par l’orage assaillis ;
Leur apparition solitaire domine

La plaine verdissante ou jaunâtre de grains,
Va parfois l’un d’entre eux, dans sa morne attitude,
Offre un point de repère aux regards des marins.

Sur mon coteau désert m’attend la solitude ;
Heureux si quelquefois, ainsi que les vieux chênes,
Je puis servir de guide à des barques lointaines.