Page:Angellier - À l’amie perdue, 1920.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XIII


4

 
Et lorsqu’à mes rameaux moins touffus et moins verts,
Après l’hiver plus long, au printemps plus avare,
Le feuillage viendra plus tardif et plus rare,
Jetant moins d’ombre au sol, laissant mieux voir les airs,

Lorsque je sentirai mon trône, où meurt la force,
Se recouvrir de mousse, et que les derniers nids,
Ne trouvant plus d’abri dans mes bras dégarnis,
Descendront dans les trous profonds de mon écorce,

Lorsque plus près de moi viendra croître le blé,
Et qu’aux efforts des vents tremblera ma racine
Dont mon branchage à peine aurait jadis tremblé,

Alors, vieil arbre triste et que le temps incline,
J’aurai le souvenir d’avoir, pendant un jour,
Abrité le divin ramier de ton amour.