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XIV


 
Ah ! chers instants du cœur conservés dans ces vers,
Vous que j’ai recueillis, ô corolles séchées,
Parce que vous gardez le parfum des bois verts
Où vous avez poussé sous les branches penchées,

Vous êtes quelques fleurs au hasard détachées
Parmi des sentiments infinis et divers,
Un rameau retiré des profondes jonchées
De mes délices morts, de mes chagrins soufferts ;

Vous êtes au bonheur dont mon âme fut ivre
Ce qu’est un bouton d’or emporté dans un livre
Aux prés où le printemps répand sa floraison ;

Et votre tristesse est à celle que supporte
Mon cœur triste toujours, ce qu’est la feuille morte
Au deuil de la forêt qui remplit l’horizon.