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XIX


Parfois les mots ardents, jaillissant à flots clairs,
De mon cœur débordant retombent en cascades,
Comme celles auprès desquelles les Dryades
Reposent leurs corps blancs sous les ombrages verts,

En rêvant aux baisers qui font frémir les chairs,
Lorsque, dans les grands bois, les bruns Svlvains nomades,
Bondissant tout à coup hors de leurs embuscades,
Les saisissent, saisis par leurs beaux bras ouverts.

Et parfois les aveux expirent sur la berge
De mon âme plus chaste et plus douce et plus pure
Que la source sacrée à l’épaisse ramure

Où, sous le tremblement religieux d’un cierge,
Laissant les oraisons flotter comme un murmure,
Les vierges aux doux yeux viennent prier la Vierge.