Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/113

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L’Étrangère.

Étranger, parles-tu des paroles sincères ?
Tes mots ne sont-ils pas comme un essaim rôdeur
Qui voltige alentour de changeantes chimères,
Pour rapporter du miel à la ruche du cœur ?


L’âme des jeunes gens d’elle-même s’enivre,
Ils pensent à donner quand ils veulent avoir,
L’élan de leur désir au changement les livre,
Et, tout en l’ignorant, ils savent décevoir.


Le Jeune Homme.

Étrangère au front clair, je te parle sans fraude ;
Sincère est mon discours ; mon dessein aussi pur
Que la limpidité de tes yeux d’émeraude,
Quand d’un ciel matinal ils reflètent l’azur.


Le langage est sans force et traître à la pensée,
Et la voix elle-même impropre à révéler
Les plus forts sentiments dont l’âme est traversée,
Si tu ne me crois pas en m’entendant parler ;