Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/112

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Pour qu’il me reste un peu de ton âme inconnue
Qui doit être sans prix dans un corps si parfait,
Pour qu’au lieu de te voir ainsi qu’une statue,
Je puisse, par ton cher et généreux bienfait,


Entrevoir la pensée où ta grâce s’inspire,
Prolonge dans mes yeux enrichis ton regard,
Donne le souvenir de ton divin sourire
Au long culte qui nait de ce fuyant hasard.


Je te fais de mon cœur surpris un sanctuaire,
Laisse le feu sacré s’allumer sur l’autel,
Rien n’en obscurcira la flamme solitaire
Que l’heure où tout se trouble en notre corps mortel.


Et si tu veux aussi que mon cœur se souvienne
De toi comme embellie encor par la Bonté,
Tu laisseras ma main toucher un peu la tienne,
Et garder le trésor d’un instant de fierté.


Et maintenant adieu ! Tu vas suivre ta route,
Je vais voir ton doux corps décroître et s’amoindrir,
Jusqu’à ce que là bas tu disparaisses toute,
Au sommet du coteau que ton pas va gravir.