Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/117

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Je puis, de tout l’essor où mon être s’élance,
Étrangère, t’offrir, si tu me le permets,
Enveloppés du temps étroit de l’existence,
Le rêve et le serment de t’aimer à jamais.


L’Étrangère.

Ne parle pas des Dieux, nul ne peut les connaître ;
Qui sait si leur regard vers la terre est tourné ?
Je dois mourir puisqu’il m’est arrivé de naître,
Le cercle de la vie ainsi fut ordonné.


Ce qui m’est accordé de beauté transitoire
N’est qu’un nœud de rencontre heureux, où des hasards
S’unissent en l’aspect d’un dessin illusoire
Qu’ils brisent aussitôt, fuyant de toutes parts.


As-tu vu quelquefois, au marbre d’une table
Qu’un mouvement de pas proches fait tressaillir,
Des dessins gracieux naître d’un peu de sable,
S’ordonner un instant et puis s’évanouir ?