Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/120

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Leur discours, évitant l’aveu de leur délire,
Couvre le monde entier d’un grand voile attristé ;
Ils disent leur chagrin, mais feignent de le lire
Dans un grand livre écrit d’ombre et de vanité ;


Et le peuple ignorant s’étonne que leur gloire,
Urne d’or d’où devraient sortir des flots vermeils,
Ne verse qu’une eau sombre où l’avenir vient boire
Une sagesse amère et de troublants conseils.


Ainsi semblerait-il que toi-même, acclamée
Égale par ta grâce aux compagnes des Dieux,
Te sentant dans la vie étroite renfermée
Où ne peut pas s’ouvrir tout ton rêve orgueilleux,


Et songeant qu’aussi beau mais moins dur que l’ivoire
Ton front doit être un jour par l’âge maltraité,
Comme ces grands humains ont parlé de leur gloire,
Tu parles en propos cruels de ta beauté.


L’Étrangère.

Contre l’arrêt commun stupidement rebelle,
Pour ce corps — quel qu’il soit — à périr destiné,