Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/128

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Lentement dégagé je ne sais quoi d’énorme
Qui, sous un voile épais, ressemble à de la loi,
Si bien quelle s’emplit vaguement d’une norme
Qui dans ses flancs confus s’accumule et s’accroît,


Ne te paraît-il pas qu’un sourd effort se fasse,
Qu’il tende et s’élargisse à de lointaines fins,
En lent et sourd progrès montant vers la surface,
Pour arriver un jour jusqu’au cœur des humains ?


La grâce de ton corps et sa forme divine,
L’orgueil de ton esprit plus fier que ce qu’il voit
Ne sont-ils pas la preuve où perce et se devine
Un haut rythme, déjà vainqueur du désarroi ?


Et tu n’as pas le droit de laisser disparaître
Ce point d’obscur progrès en toi-même accompli ;
Ce fragment de victoire il te faut le transmettre,
Ô femme élue, en qui du mieux a tressailli !


Et la même bonté par quoi tu te refuses
À laisser de toi naître un surgeon de chagrin,
T’ordonne d’épancher les conquêtes confuses
Que renferment tes flancs et ton clair front serein.