Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/132

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Que quelque chose en nous les condamne et les juge,
Que le verbe ait paru qui les nomme le Mal,
Que, hors de leur orgueil, l’homme cherche un refuge
Dans les vagues lueurs de son gouffre mental.


N’est-ce pas un mystère insondé, qui pénètre
Cet univers mauvais, aveugle ou criminel,
D’un meilleur, d’un secret, d’un bienfaisant Peut-être.
Ainsi que l’océan se pénètre de ciel ?


Et la porte n’est pas fermée à l’espérance
Que cette étrange fleur d’idéal puisse, un jour,
Puisqu’elle a pu germer, s’épanouir immense,
Faisant du monde ancien le fumier de l’Amour.


C’est pourquoi, douce femme, en qui brûle la haine,
La noble et haute horreur qui parfait ta beauté,
Des tourments dont le flux immémorial traîne
Tout ce qui dans le jour et dans l’être est jeté,


Reprends un peu courage, apaise l’amertume
Où ton cœur trop pressé s’obstine à s’enfermer ;
Si dans la nuit du temps un peu d’espoir s’allume
C’est assez pour vouloir, pour te laisser aimer.