Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/134

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Ou plutôt, étrangère, empêche que toi-même
Tu ne prêtes la main à l’exécrable loi,
Ne fais pas, de ton gré, souffrir celui qui t’aime
Et vivra malheureux s’il ne vit près de toi.


L’Étrangère.

J’ai trop longtemps goûté le miel de ta parole,
Je sais de quelle coupe il recouvre les bords,
La coupe mensongère et dont le vin affole,
Dont l’ivresse est démence, et la lie est remords.


Garde-la dans ta main, je ne veux pas y boire ;
C’est trop d’avoir souffert que tu pusses l’offrir,
Trop d’avoir écouté ton rêve dérisoire,
Trop d’avoir pu sembler, peut-être, y consentir.


De l’infâme Vénus je reconnais le piège,
Moins grossier, je le veux, pour me venir par toi ;
Mais Minerve aux yeux froids me garde et me protège,
Et met sa lance d’or entre tout homme et moi.