Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/135

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Pour ces lointains progrès dont ton âme incertaine
N’ose pas affirmer qu’ils existent vraiment,
Je ne me joindrai pas au cortège qui traîne
Un désir de bonheur qui s’achève en tourment.


Je ne vous suivrai pas sur la route inclémente,
Vous qui portez plus loin les tentes du Trépas !
Consentez à remplir de fièvre et d’épouvante
L’espace fugitif où trébuchent vos pas,


Ô cœurs sans résistance, ô navettes dociles,
Dont l’Amour et la Mort tissent, d’un jeu trompeur,
L’étoffe où le Destin, à la voix des Sybilles,
Brode inlassablement l’éternelle Douleur !


Le maître dont les mots ont martelé mon âme,
Contre votre démence a su me l’affermir,
Et forgé son métal au point qu’aucune flamme
Ne pourra désormais la faire tressaillir.


Quand, debout entre deux colonnes du portique,
Il parlait de l’Amour, doux et désolateur,
Son discours sinueux et sa raison stoïque
En peignaient les attraits et dévoilaient l’erreur.