Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/137

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Il jeta sur ton front cette funèbre cendre
Qui devait t’enfermer dans un voile de mort.
Et contre les désirs des vivants te défendre,
Dont il serait jaloux aux lieux d’où nul ne sort.


L’Étrangère.

C’était un philosophe à la pure sagesse ;
Je ne sais si son cœur avait saigné jadis,
Sa vie était austère, et sa seule faiblesse
De manger de beaux fruits par le soleil tiédis.


Sur sa lèvre souvent voltigeait le sourire,
Mais quand il dénonçait l’obscure cruauté
Qui recrute la vie afin de la détruire,
Son front était d’airain et son verbe irrité.


La vérité tombait de sa bouche sereine,
Sa main, quand il parlait, avait l’air de semer ;
Bienfaisant le semeur de qui tombe une graine
Qui prévoit la faucille et ne veut pas germer !