Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/139

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Crois-moi, laisse tomber dans un coin de ton âme,
Comme un jeu d’osselets dans un coin de maison,
Quand un vaste souhait te veut et te réclame,
Laisse tomber ce sec et vain jeu de raison !


D’ailleurs, l’Amour qui plie et fléchit les pensées
Nous soulève et nous porte à des états nouveaux,
Où les choses, mouvant leurs bornes déplacées,
Changent le monde obscur qu’embrassent nos cerveaux ;


Le sens d’actes profonds se montre et se révèle,
Comme un reflet d’esprit paraît en leur dessein,
À travers l’être entier la raison se morcelle,
Des lueurs de devoir s’agitent dans l’instinct ;


Et le corps et le cœur, en alliance intime,
Se pénétrant l’un l’autre, et tous deux élargis,
Dépassent de partout ce que la langue exprime,
Ce que l’esprit conçoit en ses moments hardis ;


El les fruits de l’Amour, amplifiant la vie,
Agrandissent encor ce qui se montre en nous,
Et la Raison captive, au langage asservie,
Regarde ce mystère avec des yeux jaloux.