Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/140

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Alors ce que tu prends pour prudence et sagesse
Semble l’ivresse affreuse et vide des néants ;
Tu le verras plus tard à l’amère détresse
Qui saisira ton cœur par la voix des enfants.


Tu gémiras alors ! Tes mains inoccupées,
Veuves à tout jamais de leur sacré fardeau,
Soutiendront tristement, de tes larmes trempées,
Ton front qu’emplira seul le regret d’un berceau.


Plus ta nature est forte et riche et généreuse,
Plus grand sera l’exil où tu vivras en toi,
Et tu détesteras la science odieuse
Qui fit de tes flancs purs la lande où rien ne croît.


Quand la vieillesse impie aura posé ses rides
Sur ton visage fier, digne d’être immortel,
Des rides sans douceur, stérilement arides
De n’avoir point porté le souci maternel,


Tu te demanderas pourquoi d’autres visages,
Que tu connus moins beaux et moins doux que le tien,
Lentement achevés par de nobles usages,
Ont pris un plus royal aspect et plus serein ;