Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/24

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Le Vieillard.

Parle-moi franchement. Je sais que la montée
Vers les sages sommets est longtemps tourmentée :
On erre autour du mont parmi les éboulis ;
Le sentier se recouvre et se coupe en leurs plis ;
La fuite de leurs rocs sous nos pieds nous déprime.
Mais le sol est plus ferme en montant vers la cime ;
Si quelque compagnon, parti plus tôt que nous,
Nous montre le chemin de son bâton de houx,
Et guide de la voix notre marche entravée
Aux broussailles du bas qui cachent l’arrivée,
Nous reprenons courage, et bientôt nous voyons
Les penchants plus aisés, veloutés de rayons,
Sur lesquels nous attend l’ami qui nous précède.
Sa seule vue alors nous dirige et nous aide ;
Enfin, nous contemplons, assis à ses côtés,
L’indestructible paix des cieux illimités.
Mais il avait aussi traversé les passages
Qu’entasse au pied des monts le débris des orages ;
Et peut-être étaient-ils plus périlleux pour lui,
Puisqu’il partait sans guide, et montait sans appui.
Tu peux donc, ô mon fils, au début de ta route,
Me dire, à libre cœur, à libres mots, ton doute.