Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/25

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L’Adolescent.

Puisque ton indulgence attend mon entretien,
Je te découvrirai ce que mon cœur contient,
Maître aux fermes conseils, que j’aime et je révère !
Tu connais la maison qu’habite l’étrangère
Qui vint dans ce hameau, quand les flots indécis,
Sous des cieux tour à tour ouverts ou rétrécis,
Tantôt rudes et gris, tantôt vermeils et lisses,
Suivaient les changements d’Avril et ses caprices.
Elle est hors du village, et blottie à l’écart ;
Vers le chemin, des ifs la cachent au regard ;
Et tu la vois le mieux du côté de la grève.
Un jardin, plein de fleurs, qui vers elle s’élève
De l’anse où le ruisseau se perd dans les osiers,
La laisse apercevoir couverte de rosiers
Qui grimpent sur son toit. Mille milliers de roses,
Qui s’entr’ouvent sans cesse et meurent large écloses.
Laissent choir, tout autour, leurs pétales pourprés,
Et jonchent d’un tapis royal les trois degrés
Où parfois l’étrangère, entre les fleurs assise,
Rêve jusqu’au moment où le couchant attise
La flamme des rosiers de son reflet de feu.