Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/26

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Le Vieillard.

Tu passes donc souvent, ô mon fils, par ce lieu ?


L’Adolescent.

J’y passe, quand, des champs, je reviens par la plage.
On dit qu’elle est venue en ce lointain village
Chercher l’apaisement d’un cœur sombre et blessé,
Et l’incertain oubli d’un amour délaissé
Ou rompu, par la mort ou par l’ingratitude.
Il est vrai qu’elle a l’air, dans sa triste attitude,
De marcher dans le sang découlé de son sein,
Et l’on croit admirer le tragique dessin
D’un grand maître éloquent à peindre la souffrance.


Le Vieillard.

C’est donc, ô mon cher fils, une fréquente chance
Qui te fait revenir par le bord de la mer ?


L’Adolescent.

Plutôt que de rentrer par le chemin couvert