Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/36

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Et parfois, m’a-t-on dit, il verse des extases,
De rares et divins délices, dans des vases
Si purs qu’il semblent faits du cristal bleu du ciel,
Et notre lèvre y boit un instant immortel !
C’est ainsi qu’y jetant sa joie et sa tristesse,
Il donne à la terrestre argile sa richesse,
Où, comme des métaux par sa flamme fondus,
Les tourments endurés et les bonheurs perdus
Forment, de bronze et d’or, des cloches frémissantes,
Dans lesquelles des voix graves ou gémissantes
Proclament que l’Amour est l’artisan des cœurs.


Le Vieillard.

Inprudent ! c’est un bruit de remords, de fureurs !
N’entends-tu pas d’accents funèbres et tragiques ?


L’Adolescent.

Non ! J’en entends d’heureux ! j’en entends d’héroïques !
Et même ceux qui sont affligés et navrés
Ont le rythme et le noble émoi de chants sacrés !