Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/37

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Le Vieillard.

Vas encor ! Cependant je crois que je devine
Vers quel doute trop clair ton propos s’achemine ;
Je crois voir, à travers ce que toi-même vis,
Le trouble que tu viens soumettre à mon avis ;
Et je m’étais trompé tantôt, quand mes reproches,
Trouvaient long le détour par lequel tu t’approches ;
Car c’est sur ce sentier que tu l’as ramassé.
Achève ton aveu puisqu’il est commencé.


L’Adolescent.

Quand tu m’as dénoncé l’Amour et son épreuve.
Et, dans des jours si froids que rien ne les émeuve,
Renfermé, loin des coups et des combats du sort,
L’horizon de l’espoir et l’aire de l’effort,
J’ai voulu consentir à cet arrêt austère.
Mais mon cœur se débat en moi pour s’y soustraire,
Ton discours vénéré ne l’a point convaincu
Qu’il doit cesser de vivre avant d’avoir vécu.
C’est mourir sans avoir accompli tout son être
Que d’arriver au jour ténébreux sans connaître