Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/52

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La mesure du monde et la leur ; ils verront,
Tranquilles à la fois et surpris, sur leur front,
Sur leur front orgueilleux, aux terres inconnues,
Brûler d’autres soleils et pleurer d’autres nues !
Ils prendront leur savoir à des peuples divers,
Ils donneront leur nom aux îlots découverts !
En les suivant de vœux vers leur vaste odyssée,
Ô maître, je pourrai goûter, dans ma pensée,
Le charme tout entier d’héroïques départs,
Si, dans le bruit des flots et de la brise épars,
Arrive jusqu’à moi le chant de cette femme,
Qui chérit, elle aussi, ce qui grandit son âme
Aux mers de passion, d’angoisse et de danger
Où tu voudrais garder les cœurs de voyager.


Le Vieillard.

Imprudent ! Ô mon fils ! Reste ici ! C’est un piège !
Ton vouloir flottera comme un morceau de liège,
Quand il est soulevé par l’écume du flot !
Ne reconnais-tu pas l’universel complot
Ourdi par la Nature autour des jeunes êtres ?
Pour les tous attirer parmi ses filets traîtres,