Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/57

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Rien ne peut arrêter ton pas fiévreux qui court
Vers le péril de mer et le péril d’amour,
Va donc, puisqu’il le faut, va chercher pour toi-même
Ce que des traits pâlis, des yeux creux, un front blême,
Un sourire qui n’est que d’automne et de soir,
Ce sourire où jadis jasait le jeune espoir,
Bercelet par la mort de l’enfant laissé vide,
Va chercher ce qu’un cœur frôlé du suicide,
Dans des larmes toujours et parfois dans du sang,
Pour notre pauvre esprit longtemps convalescent,
Élaborent enfin de sagesse attristée !
Alors, vers ta chaumine en sa dune abritée,
Tu reviendras songer — si jamais tu reviens —
Songer aux maux soufferts ; et tes longs entretiens,
Près des buis plus épais mais toujours inutiles,
À quelque adolescent aux désirs indociles,
Peut être rediront gravement mon conseil.
Et lu reconnaîtras, par quelque soir pareil,
Sur ta lèvre mes mots, ces mots qui viennent d’être,
Ô cher fils, impuissants contre ton nouveau maître !


Dieux, soyez lui cléments, toi qui troubles les flots,
Et toi dont la main rose apporte des sanglots !