Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/69

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Des pampres l’orneront de leur léger dessin.
Et, sur les deux côtés, deux grappes de raisin
Sembleront lourdement pendre à chaque rameau,
Dont l’un sera de vigne et le second d’ormeau.
Sur son pied d’abord mince et plus bas élargi,
Le calice aura l’air d’avoir soudain surgi,
Ainsi qu’un riche fruit qui n’est pas séparé
De son sol nourricier qui s’est de lui paré.
Afin que son destin ne soit pas frêle et court,
Je le ferai durcir dans la flamme du four,
Tant qu’il résonne au doigt comme un vase d’airain.
Quand je le tirerai hors du foyer éteint,
Les grappes seront d’or, le feuillage aura l’air.
Tout récemment cueilli, d’être encor jeune et vert ;
Les automnes futurs ne pourront le flétrir,
Et les ans écoulés ne feront qu’ennoblir
Son aspect, du toucher d’un effort impuissant ;
Leur main qui flétrit tout, sur son éclat passant,
Ne fera que marquer depuis combien de temps
Ses pampres restent verts et ses grains éclatants.
Je te le donnerai pour que ta bouche en fleur
Au vin brillant et clair trouve plus de saveur,
Et pour que, souriante en approchant son bord,
Tu croies et ne croies pas mordre à des grappes d’or.