Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/68

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La Jeune Fille.

Que vas-tu façonner dans ton humide argile,
Potier ? Elle est soumise à ta main et docile,
Que sur le tour rapide et sûr tu la travailles,
Ou qu’entre tes doigts fins naissent les fiançailles
Innombrables de sa souplesse avec ton rêve,
Tout ce qui germe et naît en ton esprit s’achève
En elle, aussi parfait qu’il l’est dans ta pensée ;
À rencontrer ton ordre elle est comme empressée ;
Que dis-je ? elle est l’esclave et l’esclave amoureuse
Qu’un peu de ton regard féconde et rend heureuse,
Qui cherche ton désir et vit de ton caprice.
Que ta paume l’étale, ou ton doigt la pétrisse,
Sous tes yeux demi-clos, quand ta main la manie,
Une âme la pénètre et qui semble infinie.


Le Potier.

Que veux-tu qu’elle soit, ô vierge aux yeux d’azur ?
Veux-tu que je la change en un calice pur ?
Les deux anses seront, l’un à l’autre enlacés,
Deux rameaux qui, s’ouvrant, tiendront les bords pressés ;