Page:Angellier - Dans la lumière antique, Le Livre des dialogues, t1, 1905.djvu/71

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Je refuse un présent dont je ne sais que faire ;
Ou que ta main, qui tient tout un monde, confère
À ce monceau d’argile — où tu peux faire vivre
Les rêves que ton art de ton cerveau délivre
Et jette pour jamais affranchis dans l’espace —
Une beauté plus douce où ton œil se délasse
Des travaux que le goût des durs hommes réclame,
En quelque objet qui plaise à nos regards de femme.


Le Potier.

Que le calice donc demeure inexprimé !
Que dans l’argile informe il périsse enfermé,
S’il ne doit pas donner de plaisir à tes yeux !

Je veux faire un travail qui te convienne mieux !
Sur un long bas relief, j’ai longtemps médité
Un tableau de jeunesse allègre et de gaîté :
Adossé de l’épaule au tronc d’un vieil ormeau.
Ses deux chiens à ses pieds, un berger jeune et beau
Appuiera sur sa lèvre une flûte aux sept trous.
Et tu croiras entendre un chant ardent et doux